Que je le veuille ou non, ton visage apparaît par-dessus tout ce que je regarde. Comme une persistance rétinienne qui ne veut s’estomper, je vois tes yeux bleus sur le tableau noir, tes boucles brunes sur la tête du présentateur télé et ton sourire qui illumine toutes les personnes que je croise. Douce obsession qui ne me quitte plus, j’entends ta voix, imagine nos dialogues si l’on venait à se croiser, par hasard, au coin d’une rue.
Je suis bien certain que ce n’est pas de l’amour, je te connais à peine. Déjà pourtant, je suis curieux de tout ce qui te concerne. Je rêve de te revoir, d’être près de toi sous n’importe quel prétexte, par tous les moyens je crée des occasions. Sur quoi cela va-t-il déboucher? Un fantasme filé que je laisserai glisser? Une aventure sans lendemain, consumée aussitôt consommée? L’histoire de toute ma vie, que je conterai un jour à mes petits-enfants? Peu m’importe, ici et maintenant, je recherche ta présence pour faire concorder quelques instants ce que voient mes yeux et ce qui reste accroché à mon cerveau, comme une tache fraîchement étalée en arrière plan. Éviter le flou artistique, cette impression irréaliste que la pellicule a déjà servi, que tu es la jauge à laquelle je mesure le monde.