Elle vit dans un monde à taille unique, calibré, pensé pour une humanité standard. Que ce soit la taille des lits, des bureaux, la hauteur des marches qu’elle gravit chaque jour, tout a le même gabarit. Elle, elle a la taille requise. Tout est ergonomique, pratique, adapté à sa morphologie. Pas de frustration devant une robe trop petite. Pas de dos cassé à faire la vaisselle. Ou à passer l’aspirateur. Pas de bagues perdues parce qu’elles sont trop grandes pour ses doigts maigrelets. Comme si le monde avait été conçu pour ses mensurations.
Évidemment, elle ne se rend compte de rien. C’est tellement normal, après tout. Le monde s’ouvre sur son passage tel une fleur héliophile. Elle le traverse sans effort, profite de tout ce qu’il a à lui offrir. Et pourquoi faire autrement? Dans un monde à taille unique, peut-elle se permettre d’être unique?