Je l’ai aperçue l’autre nuit, dégringolant du ciel sur un nuage. Elle ne se cachait même pas, bien certaine que peu de monde lèverait le nez de ses chaussures. Ou que personne ne croirait ses yeux. On sait si bien se traiter nous-mêmes d’affabulateurs qu’elle n’a pas besoin de cacher son existence. Elle me paraissait d’ailleurs tellement irréelle que longtemps j’ai pensé avoir rêvé. Ce n’est qu’en retrouvant ce bout de nuage effiloché que j’avais glissé à la hâte dans ma poche après sa chute que j’ai bien voulu croire ma mémoire.
Bien sûr, en arrivant à l’endroit où je l’ai vue tomber, je n’ai rien trouvé du tout. Elle était déjà repartie à l’assaut du ciel sur son nuage. Mais au moins je sais qu’elle vient vraiment. Je ne sais pas si elle se soucie réellement de nous, mais elle nous rend visite. Ainsi donc, j’avais raison d’y croire.