Tout petit moineau

Dans le vent et sous la pluie, le tout petit moineau ébouriffe ses plumes, improvisant une crête le long de son épine dorsale, pour se sentir plus gros et s’imperméabiliser. Il respire un grand coup et prend son envol. Il tourne et tourne sans contrôler sa trajectoire. Apeuré, le tout petit moineau se raccroche à la première branche qui passe à sa portée. Il se tient fermement. Reprend contenance. Attend une accalmie, qui ne vient pas. Une patte après l’autre, le tout petit moineau escalade l’arbre sur lequel il a trouvé refuge. Son cœur cogne fort sous ses côtes. Dans le vent qui siffle et mugit, le tout petit moineau pépie de plus en plus fort, pour accompagner son adversaire du jour. Jusqu’à hurler sa terreur, son envie de vivre, sa rage de voler malgré la tempête qui gronde. Jusqu’à déclencher une décharge d’adrénaline et s’élancer dans le vide de la cime du sapin. Pendant sa danse terrible avec l’orage, le tout petit moineau poursuit ses hurlements, ravi de sentir le sang qui tourbillonne dans ses veines et son cœur qui tambourine. Les heures passent. Le tout petit moineau et le vent, à bout de souffle, s’apaisent enfin. Le tout petit moineau ne sait pas où il est, tellement loin de son point de départ, il ne reconnait rien. Il est épuisé et se laisse tomber dans un buisson, vidé. Avant de sombrer dans le sommeil ou le coma, une lueur éclaire son œil. Il est vivant.

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