Henry est cadre moyen dans une industrie d’agro-alimentaire. Employé ordinaire d’une grande société anonyme. Il ne fait pas de vagues, il ne brille pas, il aime son travail autant qu’on peut aimer une rassurante routine. Personne ne se plaint de lui ; sans être l’employé modèle, il est poli et ponctuel, son travail est correct.
En dehors du travail, Henry personnalise une de ses voitures, son bijou, sa pouliche. Il l’a récupérée à la casse, épave de trois fois rien… Depuis, il passe ses loisirs à la retaper, lui ajouter des baffles, refaire la peinture, aménager l’intérieur. Maintenant, c’est une petite merveille qu’il aime sortir, pour faire des tours de ville, fenêtres ouvertes et sono hurlante. Il ne cherche pas par là à sortir de l’anonymat. Peu importe que lui soit connu. Mais il montre au monde entier (enfin, soyons modestes, à la ville entière) son art, ce qu’il a créé de ses mains, ce qui sans lui n’aurait été qu’un tas de poussière. Il ne veut pas qu’on retienne son nom, après tout peu importe. Il ne veut pas se faire remarquer, lui. Il se cache dans sa voiture ultra voyante pour passer inaperçu, se fait passer pour celui qu’il n’est pas, pour que l’on ne voie pas celui qu’il est réellement, l’anonyme ordinaire d’une grande chaîne d’agroalimentaire.