Nous sommes arrivés ce matin pour notre semaine de vacances annuelle. Cette année, nous nous réunissons dans un chateau écossais, dont nous avons réservé l’aile nord. Nous sommes une dizaine à nous retrouver ainsi, tous les ans, tous de la profession. Mais lorsque nous arrivons ce matin, nous ne parlons pas boulot, non, mais plutôt belles pierres et paysages.
Après nous être installés, chacun dans une pièce de l’aile, nous prenons notre repas du midi dans la grande salle. Nous avions emporté chacun de quoi faire un buffet froid, et ce premier repas ensemble nous permet d’évoquer les bons souvenirs. Notre voyage en Transylvanie, notre séjour dans le Gévaudan, notre visite de l’Egypte. Nous prenons de nos nouvelles, qu’avons nous fait pendant l’année écoulée, où sont ceux qui n’ont pas pu venir cette année?
L’après midi est réservé pour une réunion, la seule de nos vacances, où nous échangeons les trucs et astuces pour mieux travailler, et nos anecdotes croustillantes… Aux alentours de 16h30, nous prenons le thé quand un grand bruit nous interrompt. Un bruit de rires, un bruit d’enfants qui nous glace les os. Nous avions réservé l’aile pourtant, on ne devrait rien entendre, et en tous cas pas ces cris de joie d’enfants en liberté. Je sens que certains vont faire des cauchemars cette nuit…
Nous reprenons nos discussions, mais l’ambiance a changé. Nos anecdotes nous font moins rire. Nous sommes surtout moins crédibles en racontant comment nous avons terrorisé un village ou une maison alors que nous tremblons comme des feuilles en entendant les voix de bambins de quatre ou cinq ans. Le château, que l’on disait hanté -et pour cause, c’est la demeure de notre hôte, ectoplasme de son état- nous apparait menaçant.
La semaine risque d’être longue, très longue…