Ils sont en retard et j’attends. Qu’est-ce qui peut bien les retenir ? Je vérifie mon téléphone toutes les minutes. Ils ne m’ont pas prévenu de leur retard, n’avancent aucune excuse. Les connaissant, ils sont pris dans les bouchons et n’osent pas téléphoner par peur du gendarme. Ou bien ils ont oublié notre rendez-vous. J’aurais dû le leur rappeler en fin de semaine dernière. Ils peuvent aussi être coincés dans leur ascenseur, sans réseau. Pire : ils ont pris l’ascenseur, ont commencé à s’embrasser dans la cabine et sont remontés en toute vitesse terminer ce qu’ils venaient de commencer.
Je les imagine bien, profitant du trajet retour en ascenseur vers leur appartement pour commencer à ouvrir les boutons de chemises. Une pause sur le palier pour se câliner dans le noir contre leur porte d’entrée. Elle chercherait la clé et la glisserait à tâtons dans la serrure pendant qu’il glisserait ses doigts dans une autre serrure. Une fois rentrés chez eux, ils prendraient à peine le temps de fermer la porte avant de se déshabiller sommairement dans l’entrée. Le pantalon sur les chevilles, il essaierait de la plaquer au mur avant qu’ils ne roulent finalement à même le sol. Elle n’enlèverait pas sa jupe et pour ne pas avoir mal au dos, elle prendrait place au-dessus de lui. Ses genoux lui feraient regretter sa décision, mais un poil trop tard, plus le temps de changer. Une fois assouvi leur accès de fièvre, ils décideraient finalement de prendre quinze minute de plus pour une douche, histoire d’être présentables pour la soirée.
Je suis tiré de mes réflexions par un tapotement sur mon épaule. Je me retourne et les vois me saluer, le sourire aux lèvres. Je me ressaisis puis j’essaie de cacher mon émoi quand je remarque leurs cheveux encore humides.