Après quelques heures / jours / semaines / mois à m’intéresser à vous en version groupie monomaniaque, un geste, une phrase, une attitude m’apporte un éclairage radicalement différent. Ce moment-là me parait durer une demi-seconde et un demi-siècle à la fois. Je peux alors vous observer sous toutes les coutures façon kaléidoscope mais je ne retrouve pas l’image de vous que j’avais un instant auparavant.
Finalement, non.
Non seulement je me rends compte que vous n’aviez en fait rien d’exceptionnel. Mais en plus j’ai beau chercher, je ne retrouve pas le charme qui faisait effet il y a pourtant peu. Même physiquement, j’ai l’impression de ne jamais vous avoir connu. J’essaie d’assembler vos traits, votre voix sonne faux, votre gestuelle m’apparait étrangère, lointaine. J’ai l’impression d’être sous acide et de ne jamais avoir été si lucide à la fois. Même si je n’ai aucun moyen de savoir réellement quelle perception est la plus juste, vous voilà soudainement en orbite à un distance infranchissable de moi. Finie, coupée en plein élan l’attraction irraisonnée.
Il ne me reste alors plus qu’à apprendre à vous connaître à nouveau et tenter d’évaluer à travers ce regard neuf les chances que nous devenions amis, au bout du compte.