État second. Quand la musique, les mots, la voix, le phrasé s’accordent pour faire résonner les tripes et hérisser les poils sur la nuque, qui remercier ? Quand ça fourmille dans le ventre et que ça transporte le cœur, peut-on parler de flirt musical ? Quand un parfait inconnu nous fait vibrer quasiment sur commande, ne devient-il pas intime ?
De compilations naïves enregistrées sur cassettes audio en playlists partagées, la recette se transmet à chaque génération. Se dévoiler un peu dans l’espoir d’émouvoir ou de toucher l’autre. Tenter de procurer des sensations que l’on a nous-mêmes éprouvées en se servant du talent de tierces personnes plus douées que nous. La prise de risque et l’énergie investie peuvent rapporter gros. Comment ne pas se sentir lié à la personne à qui l’on doit des extases régulières, fussent-elles auditives ? Même si ces ressentis restent souvent inexprimables, faute de mots adaptés, les partager nous rapproche. Et si les murs Facebook ont remplacé les tables des lycées et les murs des cités, la même vague de gratitude me soulève quand un amant, un ami, un voisin, un collègue, une simple connaissance ou un total inconnu me permet de diversifier mes sources de plaisir.