De l’autre côté du miroir, Ecila se mire une dernière fois avant de partir en chasse. Jetant un regard hautain au miroir, elle me montre chacune de mes imperfections, elle minimise mes atouts que je croyais certains. Ecila n’a pas besoin de se savoir belle pour sortir. Un coup d’œil sévère sur la réalité lui convient bien. Mais à moi beaucoup moins. Lorsqu’elle scrute d’un air fataliste ses joues rebondies, ce sont mes joues que je sens grosses. Lorsqu’elle tire sur un épi disgracieux, je remarque à quel point ma coiffure est approximative. En passant sa langue sur ses lèvres d’une manière provocante, c’est mon côté carnivore qu’elle dévoile. Et je suis bien obligée de prendre conscience que quand elle part chasser, j’attends avidement son retour, pour une fugace rencontre, croisement de nos routes devant la glace. Je scrute la moindre trace de sang restant, imaginant sa course folle alors que moi, pauvre idiote, je reste là, vivant à travers elle. Perdue dans le miroir à trop vouloir m’y trouver, je lui ai laissé la place, et, il faut bien dire ce qui est, elle assure.