Le quai est bondé, le train n’est pas encore arrivé. Tendu, nerveux, excité, j’attends. Je fais les cent pas, attendant l’arrivée de ma douce. Comment sera-t-elle habillée? Quelle sera sa réaction en me voyant? Je n’ai envie que d’une chose : la prendre dans mes bras, oublier les semaines qui l’ont tenue éloignée de moi. Je ne pense pas encore au lundi matin qui arrivera bien assez tôt pour l’arracher encore à moi. Mais elle? Si elle avait envie de parler? Envie de se balader? Envie de voir d’autres personnes, envie de partager son temps? Si je ne lui suffisais pas, finalement? Je voudrais la garder pour moi. Rien que pour moi. Profiter de la moindre minute d’elle. Ne pas dormir. Ne pas manger. Ne pas parler. Juste la tenir, la toucher, la caresser, l’embrasser. Garder la chaleur de sa peau, la graver sur moi. M’imprégner d’elle.
Le train est annoncé, retard de dix minutes. Dix minutes volées qu’on ne me remboursera jamais. Il est déjà 20h21, elle arrive donc dans sept minutes. Elle devrait déjà être contre moi. Je trépigne, incapable de tenir plus longtemps.
Lorsqu’enfin le train arrive, le quai s’immobilise. Plus un mouvement ne capte mon attention quand je scrute la foule à la recherche de sa silhouette. Et enfin, elle est là.