Le rideau retombe, les applaudissements s’éteignent, la salle redevient calme. Sont-ils émus, touchés, satisfaits, amusés par ce qu’ils ont vu? Ont-ils remarqué toutes les imperfections que nous n’avons pas eu le temps de corriger? N’y ont-ils vu que du feu, emportés qu’ils étaient par la magie du spectacle? Sauront-ils jamais?
Peuvent-ils imaginer combien de peine, de travail, de compromis, de débats acharnés, de coups de gueule, de frustration, de désillusions, de pression, de découragements, d’abandons, d’acharnement, de déchirements, de galères il a fallu pour leur présenter cela aujourd’hui? Peuvent-ils le voir dans nos regards en chien de faïence? Devinent-ils sous les sourires maquillés les alliances, les duels, les oppositions, les rancœurs? Ne voient-ils que la magie, les fous rires, le plaisir d’y être arrivés?
Très certainement, ils s’en moquent. Ne cherchent pas à le savoir. Ne savent même pas si le spectacle leur a plu, il leur faudra un jour ou deux pour se décider, après en avoir un peu parlé avec leurs voisins de banc. Et puis ils oublieront, on n’est pas là pour marquer leur esprit à l’indélébile, juste pour les distraire pendant une courte soirée de leurs combats personnels.