– Je ne veux pas y aller, Papa.
– Allons fiston, sois grand et fort, ils ne vont pas te manger quand même. Et puis ça ne dure pas si longtemps, un numéro de clowns…
– Mais papa, ils me font peur, je n’y peux rien. Avec leurs sourires exagérés, leur gestes brusques, leurs rires un peu déments et forcés. Ils me font peur, je ne veux pas y aller.
– Mais le boulot des clowns, leur raison d’être, c’est de faire rire les enfants. C’est comme ça, c’est normal. Pas de raison d’avoir peur…
– Papa, je te comprends bien, mais je n’y peux rien s’ils me terrifient. C’est plus fort que moi. Je voudrais ne plus jamais en revoir.
– Ça risque d’être délicat. Sans vouloir te forcer, tu sais bien que je n’ai personne pour prendre la relève à ma retraite. J’ai vraiment besoin que tu assures au moins une période de transition, jusqu’à ce que je trouve mon successeur. Après, tu pourras faire embaumeur comme tu le désires. Mais s’il te plait, fais ça pour ton vieux père avant qu’il ne soit trop tard. Tiens, je te laisse même mon nez et mes chaussures. Je reste en coulisses, je te regarde et je suis sûr que je serai fier de toi mon fils. Allez, vas-y.