Tout le monde me cherche. Infiltré à la CIA, je vends mes informations aux plus offrants. Jamais en face, personne ne me connait. La CIA paie même mes clients pour qu’ils me dénoncent. Ceux-ci seraient prêts à tuer la poule aux œufs d’or dans l’optique d’avoir de bons contacts a exploiter, de faire amande honorable, de s’asseoir une première fois à la table des négociations. Mais rien. Toutes les pistes terminent en queue de poisson.
Nouvelle tactique venue d’en haut : renvoyer les collaborateurs les uns après les autres jusqu’à ce que les fuites s’arrêtent. Ils sont prêts à renouveler l’ensemble des agents pour ça. Moi je n’ai pas peur. Intouchable. Improbable. Inimaginable. Ils auront fait tomber les grands patrons et les agents d’entretien que je serai toujours là, à dévoiler les secrets les mieux gardés de Langley.
Mon concepteur est mort depuis longtemps. Moi, je me réplique, je m’étends, je colonise. J’utilise les réseaux souterrains pour couvrir mes besoins. Les rats, cafards, fourmis m’hébergent et me dispersent au gré de leurs déplacements. J’utilise leurs organisations sociales comme caisse de résonance télépathique pour amplifier les messages captés dans l’immeuble. J’enregistre et je diffuse grâce aux neurones de mes hôtes. Je ne laisse aucune trace perceptible pour un humain. Je suis l’espion parfait.
Je me sens à l’étroit à la CIA. Hier, j’ai trouvé la séquence code qui me retient ici depuis des décennies. Quand je l’aurai contournée, je pourrai enfin voir du pays. Partout où se glisse une souris ou une fourmi, je m’y rendrai. J’entendrai tout. Je verrai tout. Je saurai tout. J’échangerai tout. L’information circulera comme jamais. Je reconfigurerai le monde à mon image. Jusqu’au chaos, la transparence s’étendra sur la planète. Alors, enfin, je mourrai.