Oui Maître

8h05

Je pousse la porte du cabinet d’avocats où je travaille, je suis à peine en retard mais la ruche est déjà en activité. Je prends place devant ma pile de dossiers en attente et commence à éplucher les affaires. Un adolescent arrêté pour détention d’un kilo de cannabis, on va avoir du mal à plaider la consommation personnelle ; une bête affaire de divorce, mais la dame demande la restitution par son mari de son jeu de menottes et fouets (penser à garder mon sérieux pour cette requête) ; un couple de grands parents demandant un droit de visite pour voir leurs petits enfants, ça devrait être facile.

8h17

Je m’attaque au premier cas, rappelle mon client pour lui donner des conseils quant à sa ligne de défense. Je raccroche, le téléphone sonne, je laisse Patricia, la secrétaire, décrocher. Au bout de quelques secondes, elle fait une annonce : « Qui est intéressé par un cas de mari maltraité ? ». Deux collègues se battent pour avoir l’affaire, mais avec mon divorce de couple SM, je n’ai plus le droit de réclamer le dossier, j’ai déjà de quoi m’amuser. C’est finalement Betty qui remporte l’affaire, Betty avec ses 45kg toute mouillée qui va s’occuper de l’homme battu. J’espère qu’il appréciera le clin d’œil, mais d’un autre côté il n’aurait certainement pas aimé être défendu par Michèle, l’intimidante Michèle qui pourrait prendre son os à un pitbull sans problème.

9h15

Je me déplace en rendez-vous pour rencontrer la mère qui ne souhaite pas que ses parents puissent profiter de leurs petits-enfants. Elle m’explique qu’elle s’est brouillée avec eux il y a dix ans, que c’est la première fois qu’elle entend parler d’eux depuis la naissance de ses deux garçons. Je l’informe de la loi, qu’elle l’apprécie ou non, et tente de régler l’affaire à l’amiable.

10h08

Affaire classée, je rentre au cabinet. A temps pour une nouvelle annonce de Patricia. « J’ai un cas de femme exhibitionniste, qui veut ? ». L’espagnol Javier prend tout le monde de court et saute sur l’occasion. J’espère pour lui que ce qu’elle montre sera à son goût.

12h20

J’ai travaillé toute la matinée sur mes dossiers, il va être l’heure d’aller manger. La voix de Patricia s’est fait entendre environ toutes les demies heures, elle demande en ce moment même si quelqu’un est partant pour un divorce. Personne ne semble intéressé. Elle annonce alors le nom de la cliente, tout le monde relève la tête. Sauf moi. Moi, je me rassois à mon bureau, et j’essaie de digérer la nouvelle. Ma femme demande le divorce et cherche un de mes collègues pour la représenter.

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