Tant qu’il y a de la vie…

Je suis une lueur d’espoir. De celles qui, tremblotantes, vacillantes, vous tiennent éveillés au cœur de la nuit. Délicates, minuscules loupiotes, allumées au hasard d’un malentendu, d’un mot de côté, d’un désir profond et tenace. Imperceptibles braises que vous ranimez coûte que coûte du plus léger des souffles, par peur des ténèbres tapies autour de vous, prêtes à bondir et vous engloutir.

Je suis cet horizon, tâche d’encre qui coule, se répand, corrompt chacune de vos pensées, le moindre de vos rêves. Celui qui toujours se dérobe mais vous pousse à prendre la mer, aller simple pour un très hypothétique meilleur ou pour un cauchemar sans réveil.

Je suis l’insensé, l’impossible, le fulgurant espoir qui chante à tue-tête sa ritournelle, en boucles obsessionnelles assourdissant le quotidien, le routinier. Celui qui revient, puissant raz de marée, quand votre esprit fébrile ne veut pourtant s’accorder aucun penchant pour l’optimisme, terrorisé par la hauteur de la chute qui l’attend.

Je suis l’instrument qui nourrit les hommes et les nations, celui qui donne le courage de l’attente aux opprimés, qui calme les esprits échauffés jusqu’au moment propice. Celui qui, entre des mains astucieuses, vous pousse à marcher au pas, fleurs aux fusils, tendres chairs à canons si prompts à vous saisir de moi.

Je suis l’infime poison, finement distillé, administré au goutte à goutte à ceux qui, pourtant prêts à capituler, enfin apaisés devant l’inéluctable, sursautent, cabriolent et s’accrochent encore, quitte à y perdre leurs derniers fragments d’âme.

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