Fait d’hiver

Le froid est mon manteau, mon corps est fait d’hiver. Sec ou ruisselant selon mes humeurs, je gèle et m’infiltre en vous pour m’approprier toute chaleur. Je suis le blanc bienfaisant recouvrant la nature quiescente, lui offrant le repos nécessaire à son perpétuel renouveau. Je suis l’inopportun que l’on laisse à la porte lorsque grelottants, vous vous chauffez au feu et aux grogs. Calme et serein, je vous apaise grâce au dénuement dont j’orne les paysages. Je sais aussi par ma colère vous rendre l’humilité qui vous fait parfois défaut. J’arrête impunément vos activités, vous rendant pour un temps votre place précaire parmi les êtres éphémères. Pour cette raison vous m’admirez. Dès votre plus jeune âge mes flocons vous émerveillent, leurs tourbillons incessants vous rendent philosophes et ma poudreuse vous invite à recréer sans cesse les mêmes jeux, parenthèse d’innocence dans vos vies accablées. Inéluctable, vous m’attendez autant que vous me détestez, et bien souvent, vous préférez le moment où, sagement, je cède la place au printemps.

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