L’allumeur de réverbères

Dans le noir de ma chambre pastel, je l’appelle mon allumeur de réverbères. En m’endormant dans mon lit, sous ma couette, je pense à lui qui n’a que les étoiles pour couverture. Il me fascine et dès que je peux, quand personne ne me surveille, je partage un peu de mon argent de poche avec lui. Mais pas trop souvent, j’ai trop peur qu’il ne me remarque ou se moque de moi. Qu’il me traite de petite bourgeoise. Je pense bien que ça ne lui ressemble pas, à lui qui ne ressemble à personne et n’a aucune convention. Pas même le mépris des pauvres pour les nantis. Il n’a d’ailleurs pas l’air de se voir pauvre, lui qui est riche de liberté, de milliers d’étoiles et du réverbère d’en bas de chez moi.

Un jour j’aurai le courage de lui parler. Un jour je planterai mes yeux dans les siens au lieu de les baisser en rougissant et en marmonnant un timide bonjour. Un jour peut être je descendrai même mon sac de couchage pour partager une de ses nuits étoilées. On éteindra le réverbère et il me racontera sa vie de Bohème, à moi qui connait si peu de la vie, avec ou sans grand V. Peut être même qu’il m’apprendra un peu. Me montrera comment c’est. La liberté.

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