L’écorchure

Après trente ans de ton corps contre le mien, ton absence me vrille les nerfs. Chacun de mes pores hurle le manque, l’abandon. Après avoir ressenti sous tes doigts le par cœur et les improvisations de tes partitions, le silence sur ma peau me tétanise.

Je veux qu’on me touche. Je veux une peau contre la mienne. Des câlins, des caresses, des mains sur moi. Même maladroites, même rêches, même sèches ou moites. Je veux l’abri d’un torse, d’un souffle, contre l’âpreté de la vie. Je veux une chaleur contre mon dos dans la nuit. Des soupirs inconnus, des murmures inédits à mon oreille, apprendre une langue nouvelle pour réchauffer mon âme transie. Je veux des textures inattendues sous la paume de ma main, les chatouillis d’une chevelure glissant dans mon cou, le tracé hésitant ou déterminé de doigts allègres explorant de leur pulpe ma surface en jachère.

Il me faudra au moins tout ça pour ne pas dépérir du manque de toi. Peut-être un peu plus encore pour ne pas m’assécher avant l’heure aux braises de cette soudaine solitude. Combien pour partager à nouveau mon intimité ?

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