Les jours s’ajoutent aux semaines, la page est toujours blanche, la jachère a plus que trop duré. À force de ne rien faire pousser, le terreau s’est tari, les mots refusent de sortir. Ni les mots qui font rêver, ni les grands mots savants. À croire qu’ils hibernent tous. À croire qu’ils sont mieux au chaud au fin fond du néant.
Peut être sont-ils tout simplement en train de mûrir lentement. Peut être répondront-ils présents au moment où j’aurai besoin d’eux. Après tout, ils ne m’ont encore jamais fait faux bond. Certes, mais si à force de ne pas servir, à force de paresser, ils avaient perdu leur chemin, s’ils avaient oublié leur nom ou ne voulaient plus répondre ? La morte saison s’éternise, le printemps tarde à venir.
Et s’ils avaient senti que j’aurais dû me forcer depuis longtemps déjà ? Ne serait-ce que pour leur montrer que moi aussi je suis là pour eux, pour les lancer en piste, pour leur permettre de s’envoler au lieu de rester tassés dans un coin plus sombre encore que l’arrière de mon crâne. S’ils avaient pris peur, tous ces mots, empêtrés qu’il sont dans un brouillard de panique léthargique ?
Heureusement, la pause TGV toujours les rassure, les éveille. Les voilà qui pointent le bout de leur nez, me tenant à leur disposition. Quatre heures et demie sans autre échappatoire que le sommeil ou le travail, les pensées tourbillonnent et s’organisent. Les mots crèvent la surface et se jettent sur le papier. Les timides restent encore cachés dans la pénombre, ils attendront le retour pour s’exprimer. Mais les plus téméraires s’imposent et les doigts retrouvent la joie de taper sans réfléchir, obéissant aveuglément aux mots en rafale qui se bousculent pour écrire seuls les textes que la tête encotonnée peine tant à inventer ces derniers temps.
C’est vrai que le train a parfois des effets salvateurs. Au vue du nombre de texte on dirait qu’ils ont été productifs ces trajets, j’espère que les mots savants se sont débloqués dans la foulée.
Moui, ça reste très relatif tout ça… On va dire que c’est plus le temps qui fait défaut :)
Si le train était moins cher, j’écrirais les chroniques de la sncf ^^
J’adore ce temps-là pour se poser, réfléchir, avancer, ordonner !
Faut leur proposer un partenariat ! Ils te font des prix sur les trajets et toi tu leur fait une très jolie com en écrivant leurs chroniques. (ou des chroniques…)
Personnellement je préfère presque les gares elles-même au trajet. Il y a des tellement de choses et de gens à voir dans les gares… Par contre je crois que je ne m’habituerai jamais à vigipirate et ses militaires armés qui trainent partout…
J’habite trop près de la gare pour y passer du temps avant mon train. Les trajets sont déjà riches en anecdotes et surtout rendent le cerveau disponible. Ça remplace un peu tous les moments où je venais à pieds au labo, avec 1/2h à plonger dans mes pensées.
Je ferais volontiers des chroniques sympas et / ou poétiques sur les trajets en train, mais je suis pas sûre que ce soit vraiment de leur goût, quand tu vois ce que j’ai déjà pu écrire. Après, je peux en choisir un ou deux déjà publiés et les envoyer à leur magazine tgv, ça pourrait les intéresser.
D’ailleurs, ça me fait penser que je devrais créer une rubrique SNCF dans mes écrits, vu la place qu’elle prend…