Suzanne

Avec toi, c’est mon enfance qui meurt une dernière fois, mes dix ans qu’on enterre pour de bon. Les étés sous les platanes, à jouer au keum’s, au son des mobylettes et sous le fumet du fumier. L’odeur, inoubliable, de l’épicerie dans la pénombre. Le moulin à poivre qui m’a toujours attirée.  Le tic-tac de la grande horloge, qui nous guette tous. Le parquet qui grince, le journal de Mickey. Les ballades ensemble après le repas du soir pour aller au lavoir, pour repousser à l’air frais et en toute légalité le moment du coucher.

Suzanne, c’est ta voix, ferme et douce, que je garderai de toi. Pleine d’une immense tendresse, mais qu’on ne voulait surtout pas contrarier. La trappe qui s’ouvre sur la cave, comme une menace jamais mise à exécution. Un tuyau d’arrosage, un seau et 3 m² de béton, et c’était parti pour des heures de tranquillité pour vous, les adultes, attablés devant un café ou un digestif. Et un torchon pour chacun, pour essuyer la vaisselle. Des heures à farfouiller dans l’épicerie, à nous faire peur en faisant grincer les marches, cachés derrière les toiles d’araignée. Les longues nuits à nous retenir pour ne pas être celle qui aurait à vider le pot de chambre au petit matin…

Au revoir Suzanne. Nous reviendrons à Beaulieu, saluer ton fantôme, indissociable de la maison, avant de fermer une dernière fois les volets sur les rires, l’ennui préadolescent et l’innocence de mes étés.

Préquelles

« – Casse toi, on t’aime pas !

– Non. Vous ne m’aimez pas encore, nuance. Et pas besoin de le dire, je le vois bien. Vous ne m’aimez pas, c’est vrai. Mais c’est normal. Vous ne savez rien de moi.

Vous ne connaissez pas mon infinie patience ; les jours, les semaines, les mois d’attente. Les années s’il le faut. Vous ne maîtrisez pas l’habituation. Je resterai à la limite, juste à la limite, où vous pourrez me tolérer, ou même m’ignorer en toute confiance. Chaque jour, je serai là. Imperceptiblement plus près de semaine en semaine. Jusqu’à faire totalement partie du décor de vos vies.

Vous ne connaissez pas encore le manque. Je sais me rendre indispensable. À force de services, de suggestions, de petites idées qui rendent la vie agréable, voire de muffins et autres cookies qui tiennent au corps et au cœur. Je saurai disparaître, de temps en temps, au parfait moment où mes absences vous sembleront totalement incongrues, pour que vous éprouviez enfin cette minuscule déception en découvrant ma place vacante.

Vous n’imaginez pas les rires, l’écoute, l’appui, le futile pourtant indispensable, la confiance, la connivence. Les contacts, l’intimité de groupe, les regards complices, le langage codé, les histoires communes. Vous vous sentirez tellement spéciaux à mes côtés ! Uniques au monde dans mes yeux. Comme des reflets dans un miroir complaisant, vous serez le meilleur de vous-mêmes. Tant que je serai là pour vous.

Oh non, vous ne m’aimez pas, je sais. Je sais. Mais vous y viendrez. L’un après l’autre, presque malgré vous. Vous y viendrez, vous verrez. Vous m’aimerez.

– Casse-toi, on t’a dit ! Tu pues, dégage ! »

Un tour en dragon

DragonFly : une expérience inoubliable 

●●○○○ Note moyenne 1.9/5 — 734 avis —

●●○○○ par Lilisouris

En recevant mon coupon cadeau il y a un mois, j’avais sauté au plafond. “Un bon pour : Un tour en dragon”; j’étais tellement excitée ! Après la nage avec les dauphins et une semaine de randonnée dans la canopée d’une forêt primaire sans toucher le sol, j’avais tellement hâte de découvrir de nouvelles sensations ! Bon, j’ai été plutôt servie, mais je ne vous le recommande franchement pas. J’ai mis les deux points pour l’accueil et l’organisation, vraiment nickel. On est bien reçus, les guides sont super sympas, ils nous mettent bien en confiance, vraiment super ! C’est après que ça se corse. Je suis tombée sur un dragon Baladi, plutôt petit, le cuir épais mais réputé facile avec les débutants, m’a-t-on dit. Si lui est facile, je ne veux même pas imaginer monter sur un dragon Sang-Chaud ! Il a décollé avant que je ne sois correctement attachée, n’écoutant absolument pas le guide. Heureusement, je me tenais vraiment bien, ce qui a permis au guide d’assurer ma sécurité. Mais le dragon n’écoutait rien : il volait comme s’il était seul, il cherchait à prendre la tête de notre convoi, ne supportait pas d’être dans le cortège. Dès qu’un dragon passait au-dessus de nous, il partait en loopings pour reprendre l’avantage. Il a essayé de chasser quand nous sommes passés près d’une harde de biches. Et même quand il était calme, les battements d’ailes, c’est inconfortable au possible : des montées et descentes totalement anarchiques, imprévisibles. J’ai vomi trois fois (heureusement, on est bien pourvus en sacs), plus une dernière fois à l’atterrissage. Et comment peut-on imaginer profiter de la vue ! Les loopings, piqués et autres chandelles sont magnifiques vus du sol, mais en vol, on n’en profite pas vraiment. Sans compter que voler en convoi, ça bouche pas mal la vue aussi. Bref, si vous aimez les sensations fortes en aveugles, vous pouvez tenter le coup (mais à ce compte-là, autant passer dans une machine à laver géante, ça coûte moins cher). Pour le reste, passez votre chemin.

●●●●○ par Jombo

Une super expérience ! Merci DragonFly :) Bon, pour mettre toutes les chances de mon côté, j’avais réservé une ballade en solo, au lever du soleil. Je suis parti avec un guide, sur son propre dragon, pas sur le mien, avec deux dragons qui ont l’habitude de voler ensemble. Le décollage a été un peu brusque, mon Huzul était pataud sur le sol. Mais une fois en vol, il plane la plupart du temps. On a fait deux heures de vol, on a eu le temps de survoler une bonne partie du pays, avec de la plaine, du littoral, des forêts. J’ai adoré les piqués près des falaises de Maux-R, c’était fantastique ! Un conseil tout de même, pensez à vous couvrir de vêtements imperméables et surtout, chauds : les traversées de nuages sont vraiment glaçantes. Seul bémol : j’ai cru que j’allais me pisser dessus quand le dragon de mon guide a cramé un pélican qui volait près de moi O_o Je connais d’autres entreprises où ils opèrent leurs dragons, c’est quand même plus sûr !

●○○○○ par S.A

Expérience détestable. Accueil épouvantable / une seule stagiaire mal lunée pour encadrer un groupe de 10 enfants / des dragons apathiques, presque shootés, ça fait de la peine à voir cette maltraitance / 2 enfants par dragon, sans guide / Ils n’avaient que des  Lomboks, pourquoi pas des Minor tant qu’on y est ! / Pr ls enfants, le vol dure à peine 30 min, dès qu’ils décollent, il faut atterrir !!! Bcp de vomis bien sûr, mais rien de prévu pr le retour à la base / Pas possible d’accompagner le groupe sauf si on paie le prix d’une ballade adulte, c’est du vol !!! Même pas une photo souvenir parce que certains gamins pleuraient et que c’est soi-disant moche ! Je déconseille dragonfly, pr 1 belle expérience, venez chez Dragooons :)

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L’écorchure

Après trente ans de ton corps contre le mien, ton absence me vrille les nerfs. Chacun de mes pores hurle le manque, l’abandon. Après avoir ressenti sous tes doigts le par cœur et les improvisations de tes partitions, le silence sur ma peau me tétanise.

Je veux qu’on me touche. Je veux une peau contre la mienne. Des câlins, des caresses, des mains sur moi. Même maladroites, même rêches, même sèches ou moites. Je veux l’abri d’un torse, d’un souffle, contre l’âpreté de la vie. Je veux une chaleur contre mon dos dans la nuit. Des soupirs inconnus, des murmures inédits à mon oreille, apprendre une langue nouvelle pour réchauffer mon âme transie. Je veux des textures inattendues sous la paume de ma main, les chatouillis d’une chevelure glissant dans mon cou, le tracé hésitant ou déterminé de doigts allègres explorant de leur pulpe ma surface en jachère.

Il me faudra au moins tout ça pour ne pas dépérir du manque de toi. Peut-être un peu plus encore pour ne pas m’assécher avant l’heure aux braises de cette soudaine solitude. Combien pour partager à nouveau mon intimité ?

Carpe noctem

Il n’y a pas de signe distinctif pour le club auquel j’appartiens. Pas de blouson, pas de tatouage, pas de pendentif ou de couvre-chef particulier. Pas d’hymne, pas de blason, pas de devise. Rien ne nous distingue des autres, nous ne nous réunissons pas régulièrement pour parler de nos ressentis, de nos difficultés, de nos progrès. Nous nous croisons dans la rue sans nous reconnaître, nous arpentons les mêmes villes sans le savoir.

Nous ne nous réunissons qu’au gré de rencontres fortuites et éphémères. Qu’une soirée s’éternise, que le gros des troupes quitte la fête en chapelets qui s’égrainent et alors seulement nous nous identifions. Le club des gens qui ne veulent pas rentrer dormir. Le cercle des irrésolus, craignant de prononcer malgré eux les maudits mots qui termineront la soirée, éparpillant les convives, brisant l’instant de grâce, tranchant net l’éternité de ces échanges en petit comité au creux de la nuit.

Nous sentir vivants, ombres parlant, riant, chantant dans la ville endormie après la fermeture des bars, avec la lune comme seul éclairage. Les frissons au creux du ventre quand les murmures s’imposent ou s’oublient dans l’ivresse de l’instant qui gonfle les voix. Délicatesse pour des voisins moins chanceux que nous ou insouciance enfin retrouvée, reste la connivence en suspens, diluant efficacement les solitudes agrégées pour l’occasion. Jusqu’à ce que la petite bulle de désinvolture dans laquelle nous nous étions lovés éclate, toujours un peu trop tôt. Sur le chemin du retour, un sourire papillon prolonge cette réunion évanescente, qui sera déjà presque oubliée au matin.